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Publié le par STÉPHANE LOISELEUX

Black Mirror : « Si la technologie est une drogue, quels sont les effets secondaires ? » Chaque épisode de cette anthologie montre la dépendance des hommes vis-à-vis de tout ce qui a un écran ...  D'après Brooker, chaque épisode a un casting différent, un décor différent et une réalité différente, mais ils traitent tous de la façon dont nous vivons maintenant et de la façon dont nous pourrions vivre dans 10 minutes si nous sommes maladroits. Black Mirror est une série télévisée d'anthologie britannique, créée par Charlie Brooker et diffusée depuis le sur Channel 4. Au Canada, elle est diffusée sur Super ChannelLa série sera diffusée en France à partir du 1er mai 2014 sur France 4.

L'interview de Charlie Brooker

« LA PREMIÈRE SAISON DE BLACK MIRROR COMPORTE TROIS HISTOIRES DE GENRES TRÈS DIFFÉRENTS ( THRILLER POLITIQUE, DRAME AMOUREUX, ANTICIPATION " DYSTOPIQUE " [*] ). ELLES PARTAGENT CEPENDANT UN MÊME TON ET UNE MÊME SENSIBILITÉ. NOUS AVONS RÉITÉRÉ CE CONCEPT DANS LA DEUXIÈME SAISON. »

La première saison de Black Mirror a gagné un Emmy Award et bien d’autres prix. Ce genre de récompense vous touche-t-il ? 

Oui et non ! Évidemment, il est agréable de constater que son propre travail est bien accueilli et plaît. Mais, d’un autre côté, cela fait monter la pression et augmente les attentes pour la prochaine saison. Pour moi, le concept des cérémonies de remise de récompenses est un peu bizarre : il ne s’agit pas vraiment de récompenser ce qu’il y a de meilleur mais d’arriver à un consensus entre les différents juges. Toutes ces cérémonies devraient être supprimées et transformées en hôpitaux pour enfants, immédiatement ! 

D’où votre inspiration vient-elle ? 

Dieu seul sait d’où elle me vient. Souvent, j’ai une idée, puis une autre s’intègre à la première de manière inattendue et crée quelque chose d’entièrement nouveau. Par exemple, les idées ayant inspiré l’épisode Bientôt de retour remontent à quelques années. À cette époque, on ne pouvait garder qu’un nombre limité de contacts dans son téléphone. Un ami est décédé, et je devais faire de la place dans ma liste. Je me suis senti terriblement coupable d’effacer son numéro. C’était un peu dingue car, même si ce numéro ne marchait plus, je trouvais irrespectueux d’appuyer sur « supprimer ». Il y a quelques mois, alors que je traînais sur Twitter, je me suis dit : « Qu’est-ce qui se passerait si tous ces gens mouraient et que toutes leurs conversations étaient reprises par un logiciel ? » C’est le genre de choses qui me vient à l’esprit tard dans la nuit. 

Black Mirror semble questionner et dénoncer certains travers de la société … 

Oui. Pour l’épisode de La Chasse, par exemple, j’avais remarqué que, dans les concerts, le public n’était plus qu’une mer de petits écrans bleus. De même, pendant les émeutes pour les droits  étudiants, on voyait à la télé un gars exploser une vitrine pendant qu’une cinquantaine de personnes filmaient comme des touristes. Ce fut le cas aussi autour du cadavre de Kadhafi. En voyant ça, j’ai pensé à un film de zombies. Je me suis demandé ce qui se passerait si 90 % des gens devenaient des voyeurs dépourvus d’émotions et que 10 % se mettaient à faire n’importe quoi pour amuser l’audience. Un autre exemple : Le Show de Waldo. Quand Chris Morris et moi écrivions Nathan Barley, nous avons eu l’idée d’un personnage politique animé, dans l’esprit de ceux du groupe Gorillaz. Les membres du Parlement sont de plus en plus perçus comme des créatures étranges avec lesquelles il nous faut composer, à l’instar de Boris Johnson, le maire de Londres. 

Vos films sont-ils plutôt des comédies dramatiques ou juste des drames ? 

Je pense qu’on peut situer cette série de films entre les deux. Ils sont plutôt sérieux, mais basés sur des idées qui peuvent être drôles si vous choisissez de voir les choses sous cet angle.

Est-ce facile de laisser quelqu’un d’autre réaliser votre travail ?

Non. L’alternative serait que je réalise moi-même. Mais je ne pense avoir ni la patience ni le talent nécessaire à ce travail.

Le résultat est-il toujours tel que vous l’aviez imaginé ?

Parfois oui, parfois non. C’est souvent mieux.

* Néologisme signifiant le contraire d’utopique

15 MILLIONS DE MERITES

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