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Bareback : le NoKpote se décline en chanson...

Après les débats entre acteurs de prévention et la littérature de barebackers, voici que le bareback se chante. Yiss sort ces jours-ci sur le net un morceau polémique intitulé "Nokpote". Une démarche revendiquée comme artistique, mais qui soulève de sérieuses questions qu'E-llico a justement posé à l'auteur de cette nouvelle "provocation".


Auteur, il y a quelques mois, d'une première chanson intitulée "J'arrête" qui abordait dans un style nouveau les thèmes de la drogue, du sexe et du clubbing, Yiss récidive ces jours-ci en diffusant sur le net un nouveau morceau baptisé cette fois "NoKpote" au titre et aux paroles explicites.
(Ecouter le morceau "NoKpote : www.myspace.com/yissofficial).

De même que "J'arrête" avaient pour objectif de sensibiliser sur la recrudescence de la consommation de drogues dans le clubbing, "NoKpote" se présente comme "un état des lieux" et prétend vouloir "faire réagir les gens sur leur comportement sexuel", selon son auteur.

Il n'empêche. Avec un texte qui scande "Je baise No Kpote", "Vous baisez No Kpote", "On baise tous No Kpote"... le moins que l'on puisse dire est qu'il est difficile de ne pas entendre ce morceau comme un hymne au sexe à risque. Au moins au premier degré.

"Le texte de cette chanson est une création artistique", se défend Yiss. Je n'encourage en aucun cas les personnes qui écoutent ce morceau à avoir des relation sexuelles non-protégées".

Les premiers auditeurs ne l'ont pas forcément pris comme çà et Yiss confie avoir déjà reçu de nombreux mails d'internautes déconcertés ou en colère contre son morceau.
L'heure est donc aux explications... E-llico a cherché à savoir quelle mouche a vraiment piqué Yiss.

E-llico : La polémique sur le sexe bareback n'a jamais cessé et reprend même alors qu'une recrudescence de ces pratiques apparaît dans toutes les études menées auprès des gays; est-ce bien le moment de jeter de l'huile sur le feu avec un morceau chanté qui est provocateur et qui semble rendre ludique le sexe à risque?

Yiss : Tout d'abord, je ne suis pas militant, je suis musicien auteur et interprète. Je ne pense pas que ma chanson "NoKpote" rende ludique le sexe à risque; les gens n'ont pas attendu cette chanson pour s'envoyer en l'air comme bon leur semble. Par ailleurs oui, il me semble que c'est le bon moment : sans juger ni faire l'apologie du bareback, je constate comme tout le monde ce qui se passe aujourd'hui. Les plans NoKpote n'ont jamais été aussi présents. Les jeunes couples, hétérosexuels ou homosexuels se posent un jour la question de l'abandon du préservatif. C'est normal, les dernières campagnes de prévention sont désastreuses et proposent (incitent ?) les gens à abandonner le préservatif après avoir fait le test du VIH. Ça, c'est dangereux. C'est bien de faire confiance, mais la confiance, ça ne protège pas. On assiste à une déferlante sur Internet des plans Nokpote, sur les réseaux téléphoniques et sur les sites de rencontre. Je ne mets pas de l'huile sur le feu avec cette chanson, j'essaie de faire réagir les gens sur leur propre comportement sexuel. On a tous eu un jour une relation non protégée, pour une raison ou pour une autre. Aujourd'hui on se contente de stigmatiser ceux qu'on appelle les barebackers et certains pourrissent le travail des associations de lutte contre le sida comme Aides qui travaillent depuis de longues années avec eux afin de faire avancer les choses. Les problématiques liées aux rapports non protégés ont considérablement changées en 10 ans et il est temps de remettre le sujet sur la table.

Les paroles du morceau ne marquent aucune réserve, aucune distance explicite avec la pratique du bareback. Venant d'un media divertissant - la musique - qui touche les jeunes, homos ou pas, n'est-ce pas irresponsable que de jouer avec des formules, des paroles qui se veulent fun, mais qui peuvent donner à penser que le bareback c'est une attitude, un jeu, voire un comportement "tendance" ?

Je joue franc jeu. La musique n'est pas un media comme les autres et je ne fais pas partie du Ministère de la Santé. Avec cette autocensure qui existe dans la musique aujourd'hui, Gainsbourg n'aurait jamais trouvé de maison de disque. Le bareback n'est pas une tendance, c'est devenu un trip sexuel. C'est justement mon choix et ma liberté de parler de ce sujet. Les jeunes d'aujourd'hui baisent sans capote dès leur premier rapport sexuel. Vous leur avez déjà expliqué ce qu'était réellement le bareback ? Je ne vous parle pas du mythe : le serial killer à moustache avec ses capotes trouées dans la poche de son jean (ou de son chaps) à la recherche d'un pauvre séronégatif à contaminer ; ça n'existe pas ! Ou alors, c'est extrêmement minoritaire. La majorité des homosexuels qui baisent sans capote sont séropositifs, et ils mettent au courant leurs partenaires. Je ne suis pas un défenseur du bareback, mais lorsque le rapport sexuel se déroule entre deux personnes consentantes et conscientes alors je ne vois pas où se trouve le problème. Chacun gère sa sexualité comme il le désire. On a tort de ne pas rappeler que partout dans le monde, les vrais barebackers sont hétérosexuels. Les jeunes garçons poussent les jeunes filles à avoir des relations sexuelles non protégées. Pour ces filles, aujourd'hui, il est plus grave de tomber enceinte que de devenir séropositives, alors elles prennent la pilule et baisent NoKpote. Ma chanson n'est ni fun, ni tendance, elle décrit juste un état des lieux. Celui-ci est dû au silence, c'est pour ça que j'ai décidé d'en parler dans une de mes chansons.

Tu avais déjà mis le feu aux poudres avec ton premier titre sur les drogues "J'arrête" qui avait déclenché des critiques, ne crains-tu pas qu'on puisse imaginer que tu te sers de thèmes polémiques et tabou pour te faire de la publicité, au mépris des conséquences que cela peut avoir sur le public de tes morceaux ?...

S'il faut un peu de provocation pour se faire entendre, je l'assume. J'arrête a peut-être déclenché les critiques, mais il a été sélectionné dans plusieurs festivals de films à travers l'Europe. Les personnes qui ont écouté la chanson et vu le clip ont très bien compris le message. Et puis, ceux qui écoutent ma musique ont saisi que je ne m'arrêtais pas à ce genre de thèmes. Mon prochain clip « So Delicious » dont la sortie est prévue en Janvier avec la participation exceptionnelle de Jean-Claude Dreyfus risque d'en surprendre plus d'un ! Explorer certains sujets qui peuvent paraîtrent difficiles à évoquer est une chose qui m'intéresse dans ma démarche artistique. Lorsque j'ai commencé la musique, je me suis aperçu que le créneau « Je t'aime / Appelle moi sur mon portable / Je te kiffe » était déjà pris, ça tombait bien parce que ce genre de sons ne m'intéressent pas. Alors, naturellement j'ai choisi autre chose : je parle dans mes chansons de choses qui me concernent, qui me font du mal et du bien, elles sont certes un peu plus trash, mais beaucoup plus sincères...

Ecouter "NoKpote par Yiss : www.myspace.com/yissofficial.


www.e-llico.com

« Le barebacking, littéralement « chevauchée à cru », désigne la pratique de rapports sexuels non protégés, et par extension un courant polymorphe prônant le culte et la revendication de cette forme de pratique sexuelle, ainsi que le culte du sperme.

Née en tant que pratique revendiquée et voulue à l'intérieur d'une partie de la communauté gay américaine, cette pratique tend à se propager en Europe et trouve de plus en plus d'adeptes, à une époque où le SIDA fait encore des ravages.
Aujourd'hui, ce phénomène est très présent en France et notamment chez les jeunes ».

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