Décryptage

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Revue de presse 27/11/07: «Les blancs n'ont rien compris»

Quand les minorités interrogent le «mainstream»: en France comme ailleurs, les revendications identitaires sont l'objet d'âpres débats dans l'espace public.
Revue de presse hebdomadaire.

Bonne nouvelle: en Australie, le Premier ministre conservateur John Howard, soutien indéfectible de George Bush, a été battu lors des élections législatives du 24 novembre par son rival, le travailliste Kevin Rudd.
Mais, une fois encore, la situation des Aborigènes d'Australie n'a pas été évoquée.
Début novembre, Courrier International ouvrait pourtant un dossier sur
«Un peuple qui reconquiert peu à peu sa liberté de parole».

«Quand on est noir, les gens pensent qu'on est des délinquants»
On pouvait y lire un article salutaire de Germaine Greer, «Les Blancs n'ont rien compris», publié à l'origine dans The Guardian, qui décrit l'assimilation forcée imposée aux Aborigènes depuis deux siècles.
L'auteure, féministe, dénonce la «double ironie» du gouvernement Howard qui, prétendant «voler au secours des enfants aborigènes en détresse (...) s'approprie de fait le contrôle de ces régions aborigènes».
Au nom d'une lutte contre l'alcoolisme, Howard a en effet renforcé ces derniers mois le contrôle des terres aborigènes, riches en ressources naturelles. «Les autorités n'ont jamais voulu faire l'effort de comprendre la multiplicité et la complexité de leur culture, rappelle Greer (...), le capitalisme n'est pas en mesure d'appréhender des gens comme eux – sauf pour faire de l'argent sur leur dos».
De son côté, le National Indigenous Times révèle que l'État australien a sous-évalué depuis quarante ans la population aborigène avec 72 500 personnes non comptabilisées.
Mais, selon le journaliste, cette nouvelle ne sera pas relayée car «c'est une info sans sexe, ce qui écarte toutes les publications du groupe Murdoch».
En attendant, on apprend dans le même dossier que de plus en plus de jeunes aborigènes se tournent vers la culture hip-hop pour échapper à la «surveillance constante» des autorités:
«Quand on est noir, les gens pensent qu'on est des délinquants, explique l'un deux, les flics n'aiment pas qu'on se rassemble en groupe.
Ils nous suivent partout, où que nous allions, en jouant les durs».

«La nation arc-en-ciel»
«The Rainbow Nation». Derrière cette expression, The Economist n'évoque pas le rêve d'une Internationale gay, mais l'Afrique du Sud.
Suite à la victoire des Springboks dans la Coupe du monde de rugby, l'hebdomadaire britannique revient en effet sur les débats autour de la représentativité de l'équipe nationale:
«Plusieurs voix à l'ANC (African National Congress, le parti de Nelson Mandela) se sont élevées pour que l'équipe de la sélection nationale ait une approche plus innovante: autrement dit, que davantage de non-blancs soient choisis.»
Critique quant à la possibilité de mettre en place des quotas, The Economist souligne le véritable enjeu des années à venir: «À long terme, la meilleure politique est de donner aux enfants noirs de meilleurs moyens à l'école pour pratiquer ce sport.»
Car, rappelle l'article, les coachs les mieux formés se retrouvent, encore aujourd'hui, dans les écoles des quartiers blancs.
D'ailleurs, le sexy Bryan Habana a appris à jouer au rugby dans une école huppée de Johannesburg où les Blancs y étaient scolarisés en majorité.

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