Télévision
Mardi 24 juin 2014 à 20h40 sur France 5
GLOBAL GAY, POUR QU'AIMER NE SOIT PLUS UN CRIME
Jean-Claude Roger Mbede est mort le 10 janvier 2014 à l'âge de 35 ans. Condamné à trois ans de détention pour homosexualité sur la base d'un simple texto, ce jeune Camerounais était obligé de se cacher dans la brousse pour échapper à la prison. Dans sept pays, la loi prévoit la peine de mort pour les homosexuels. Dans 76 autres, dont le Cameroun, les minorités concernées risquent l'enfermement. Depuis 10 ans, un mouvement milite à l'échelle mondiale pour obtenir la dépénalisation universelle de l'homosexualité, soutenu par les plus hautes instances de l'ONU. Mais il semble que le combat soit encore loin d'être gagné. Tour d'horizon des traitements réservés aux minorités sexuelles à travers le monde.
Face à ces discriminations, l’ONU a lancé un vaste mouvement pour dépénaliser l’homosexualité dans tous les pays…
Il y a un an la France est devenue le 14 ème pays à légaliser le mariage pour tous… un débat qui a profondément divisé la société… car l’homosexualité amène à nous interroger sur l’amour, la famille, la sexualité…
Les invités en parlent sans tabou notamment une Maman qui a fait un travail sur elle-même pour accepter l’homosexualité de son fils…
3 invités + 1 sujet :
- Anna Ghione, Maman d’Alexandre. Elle a mis 10 ans à accepter l'homosexualité de son fils... Auteur de « Moi homophobe » éditions Michalon
- Yohann Roszéwitch, Président d’SOS Homophobie.
- Frédéric Martel, coauteur du documentaire. Chercheur, il anime un groupe de travail sur la dépénalisation universelle de l’homosexualité.
- En sujet : Gildas, 22 ans exclu de sa famille d’accueil, rejeté par sa mère à l’annonce de son homosexualité.
Sept pays prévoient encore la peine de mort pour des relations entre deux personnes de même sexe et dans soixante-seize autres l’homosexualité constitue un crime passible de prison.
© Ligne de Mire Productions - Janvier 2014
Désormais soutenus au sein des Nations Unies, des hommes et des femmes, mobilisés au niveau mondial, luttent pour l’égalité des droits et la dépénalisation de l’homosexualité. Mais, si la question des minorités sexuelles occupe aujourd’hui le débat public, le combat est loin d’être gagné partout.
En juillet 2011, le Conseil des droits de l’homme, l’une des plus hautes instances de l’ONU, porte au vote la résolution dite 17/19, condamnant toute discrimination en raison de l’orientation sexuelle. Adopté à une courte majorité, ce texte, qui a provoqué de vifs débats, constitue un pas symbolique dans le combat que mènent désormais ouvertement des milliers de personnes à travers le monde. Hommes et femmes, homos ou hétéros, transsexuels ou bisexuels manifestent et s’engagent pour l’égalité des droits. Sous la pression de ce vaste mouvement planétaire, les sociétés évoluent peu à peu. En septembre 2012, un chef d’Etat en exercice, François Hollande, se prononce pour la première fois devant l’assemblée générale des Nations Unies, à New York, en faveur d’une dépénalisation universelle de l’homosexualité. Mais amener les opposants à changer leurs lois en vue de l’adoption d’une nouvelle résolution n’est pas une mince affaire. Sept pays prévoient encore la peine de mort pour des relations entre deux personnes de même sexe et dans soixante-seize autres l’homosexualité constitue un crime passible de prison.
Le Cameroun figure parmi ces derniers. Un jeune homme de 35 ans, Jean-Claude Roger Mbede, y a été condamné à trois ans d’emprisonnement pour l’envoi d’un simple texto, unique preuve de sa « faute ». Obligé de se cacher dans la brousse, en attendant le procès en appel, il est mort de maladie au mois de janvier dernier, dans l’indifférence générale. Ses avocats, tous deux spécialisés dans la défense des droits de l’homme et connus pour leur soutien aux homosexuels, reçoivent régulièrement des menaces de mort. Mais, ici comme ailleurs, la résistance s’organise autour d’associations telles que le centre Alternatives-Cameroun qui prodiguent conseils et aide juridique, font de la prévention et mettent en place des actions contre les arrestations arbitraires.
Sur un autre continent, en Russie, où, après une période d’ouverture dans les années 1990, le gouvernement a fait marche arrière et adopté de nouvelles lois sanctionnant jusqu’à la « propagande de l’homosexualité auprès des mineurs », des militants s’activent et font passer leur message, notamment par le biais des réseaux sociaux. Polina, du collectif Russian LGTB Network, résume leur engagement : « Les gens sont prêts à descendre dans la rue pour faire valoir leurs droits. Ça ressemble au processus décrit par Ghandi : d’abord ils t’ignorent, puis ils se moquent de toi, ensuite ils te combattent et à la fin tu gagnes. Nous traversons ces étapes les unes après les autres… » Actuellement, l’adoption d’une résolution entérinant la dépénalisation universelle de l’homosexualité n’est toujours pas encore envisageable. Mais, malgré les oppositions et le recul de certains Etats, les législations nationales évoluent progressivement. En dix ans, dix-neuf pays ont légalisé le mariage pour tous, dont six en 2013 …
Beatriz Loiseau
Documentaire
Durée 77’
Auteurs Rémi Lainé et Frédéric Martel
Réalisation Rémi Lainé
Production Ligne de Mire, avec la participation de France Télévisions, d’après l’ouvrage de Frédéric Martel Global Gay (éditions Flammarion)
Année 2014