Télévision
Film biopic, États-Unis, 2013, 1h52
Diffusé aujourd'hui à 20h55 sur ARTE
La poignante romance entre le célébrissime pianiste Liberace et son jeune amant Scott Thorson... Derrière le kitschissime déferlement d’or, de plumes et de paillettes, Steven Soderbergh dépasse la caricature pour laisser affleurer l’émotion du mélo. Magistralement interprété par un Matt Damon épatant et un Michael Douglas à l’exubérance mâtinée de toxicité.
Au cours de l’été 1977, Scott Thorson, un bellâtre dresseur d’animaux pour le cinéma, entame une liaison avec un jeune homme qui a ses entrées dans le monde du spectacle. Par son entremise, Scott fait la connaissance du pianiste Valentino Liberace, star kitsch et adulée de Las Vegas, à l’aube de la soixantaine. Celui-ci lui offre de devenir son homme à tout faire. Malgré leurs différences d'âge et de classe sociale, tous deux tombent amoureux. Ils s’engagent dans une relation clandestine et tempétueuse qui s’achèvera, cinq ans plus tard, sous le feu des projecteurs…
Sous les paillettes
Recalé des salles obscures aux États-Unis, car jugé "trop gay", Ma vie avec Liberace a pris une éclatante revanche en collectionnant les récompenses et en s’invitant en compétition officielle sur la Croisette. Derrière le kitschissime et baroque déferlement d’or, de plumes et de paillettes, Steven Soderbergh dépasse subtilement l’humour de la caricature pour laisser affleurer l’émotion du mélo. Magistralement interprété par un Matt Damon épatant en éphèbe vulnérable et toxico, et un Michael Douglas à l’exubérance mâtinée de toxicité, ce face-à-face entre la vedette vieillissante et le jeune premier revêt finalement un caractère tragique, sur fond d’identité refoulée (Liberace s’obstinant, avec l’aide de son manager, à se faire passer pour hétéro), de peur du temps qui passe et de solitude masquée.
Avec Michael Douglas, Matt Damon, Scott Bakula, Eric Zuckerman, Eddie Jemison, Randy Lowell, Jane Morris, Garrett M Brown, Pat Asanti, Debbie Reynolds, Cheyenne Jackson, Dan Aykroyd
Musique de Marvin Hamlisch
Scénario de Richard LaGravenese
« Liberace : Le roi flamboyant »
Doc. Société, Allemagne, 2021, 1h29
À 22h50
Sous une pluie de strass, la biographie tragique et romanesque du plus bling-bling des pianistes, dont le sens de la démesure a marqué le divertissement à l’américaine.
Quel meilleur écrin pour lui que la rutilante Vegas ? Issu d’une famille pauvre, Wladziu Valentino Liberace, vite réduit par la moulinette du showbiz à son seul nom de famille, affectionnait la scène du Hilton, assez vaste pour y accueillir les Rolls-Royce qui le menaient directement face au public. En manteau de zibeline à traîne, Liberace décochait une ou deux blagues devant un parterre conquis, faisait admirer ses bijoux avec une joie enfantine, puis se mettait au piano. Le répertoire – Chopin, Gershwin, du boogie… – ne variait guère. Mais les œuvres étaient impeccablement exécutées par le pianiste, prodigue en effets de manche, mais d’une spectaculaire virtuosité.
Redoutant d’être mis au ban de l’Amérique puritaine, ce fervent catholique niera toute sa vie son homosexualité, puis le sida qui l’emportera. S’il n’intervient pas dans le film, Scott Thorson, joué par Matt Damon dans Ma vie avec Liberace, le film de Soderbergh inspiré de sa vie, le hante. Amant à la fois adulé et maltraité – le pianiste le voulait à son image et l’incita à recourir à la chirurgie esthétique –, il finira par plaquer Liberace et lui réclamer une pension. Moquée pour ses numéros musicaux noyés sous une avalanche de paillettes, la star demeure une légende de l’entertainment, dont elle a révolutionné les codes par ses extravagances. Flânant dans ses diverses propriétés, ce documentaire fait défiler ses ex-amants, protégés, exégètes, collaborateurs et imitateurs, qui dressent, avec ironie et tendresse, le portrait de ce roi du kitsch, décédé en 1987.