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Somewhere Boy, la révélation anglaise du moment

Par Alexis Lebrun

Très régulièrement, la télévision britannique nous abreuve de pépites de styles radicalement différents, mais qui enterrent presque toute la concurrence. Après The Responder, This is Going to Hurt, Mood ou encore The English, voici donc Somewhere Boy, un chef-d'œuvre sorti de nulle part sur le traumatisme intergénérationnel.

Un confinement un peu extrême

À quoi les parents sont-ils prêts pour protéger leurs enfants ? Selon Bryan Cranston dans Your Honor (CANAL+), la réponse est simple : absolument tout. Mais si vous trouvez que son personnage allait un peu loin dans la mise en œuvre de ce principe, attendez de voir ce qu'un père fait pour son fils dans Somewhere Boy.

Pendant les dix-huit premières années de sa vie, Danny est ainsi resté enfermé dans une maison perdue au milieu des bois, barricadée de la lumière du jour et du monde extérieur. La faute à son père Steve, qui lui a fait croire depuis sa naissance qu'il ne faut surtout pas sortir dehors, car cet endroit serait peuplé de monstres sanguinaires.

On ne vous dit pas comment pour ne rien spoiler, mais après ces dix-huit années de confinement, le pauvre Danny sort pour la première fois de sa boîte et découvre que rien de tout ça n'est vrai. Accueilli par sa tante, il naît en quelque sorte une deuxième fois, après avoir passé toute sa jeunesse à regarder des films en noir et blanc et à écouter de vieux vinyles, complètement coupé de la réalité.

Lewis Gribben

Lewis Gribben

Un improbable mélange des genres

C'est un choc indescriptible, et la série met en scène cette découverte du monde de façon étrangement fascinante, à mi-chemin entre le drame familial flippant – Danny fait des cauchemars gothiques sur les monstres – et comédie pince-sans-rire sur le passage à l'âge adulte, avec quelques moments d'humour absurde à l'anglaise. De nombreuses situations s'y prêtent, en raison du décalage entre Danny et le monde qui l'entoure.

Mais ce personnage inadapté qui partage désormais sa chambre avec son cousin Aaron – lui-même un ado timide qui ne trouve pas sa place – doit aussi comprendre ce qui est arrivé à sa mère. La série mute alors en un thriller vengeur convaincant, qui révèle aussi l'ampleur de l'horreur de la jeunesse de Danny grâce à de nombreux flashbacks. Ces derniers permettent de comprendre la psychologie malade de son père, et évoquent avec beaucoup de force la transmission des traumas de génération en génération, un concept qui commence tout juste à être popularisé.

Rory Keenan

Rory Keenan

Un casting monstrueux

Et le plus étonnant, c'est que Somewhere Boy parvient à faire tout ça et à naviguer entre ces genres en seulement huit épisodes de 20-25 minutes, remarquablement filmés dans une Angleterre grise qui incite bien sûr à se demander si le vrai monstre n'est finalement pas la société actuelle que Danny découvre. Produite par Clerkenwell Films – la boîte qui se cache derrière l'excellente The End of the F***ing World (Netflix) –, la série a fait son petit effet partout où elle est passée.

Récompensée par le Prix du public à Séries Mania l'an dernier, Somewhere Boy a aussi récolté quatre nominations aux BAFTA : meilleure série dramatique, meilleur scénario, meilleur scénariste émergent (catégorie remportée pour le showrunner Pete Jackson), et meilleur acteur dans un second rôle pour Samuel Bottomley, très bon dans le rôle du cousin Aaron, comme Lisa McGrillis (No Offence sur POLAR+) dans celui de la tante Sue.

Le reste du casting aurait aussi mérité d'être nommé : le jeune Lewis Gribben est exceptionnel d'étrangeté dans le rôle principal et Rory Keenan – le mari de Gemma Arterton apparu dans Versailles (CANAL+) et Peaky Blinders (Netflix) – est littéralement monstrueux, dans la façon dont il pose une question universelle avec son personnage de père de Danny : comment accepter de laisser ses enfants partir et affronter les dangers du monde ?

Sam Bottomley

Sam Bottomley

Somewhere Boy épisodes 1 à 8, disponibles dès maintenant sur CANAL+.

Publié dans Télévision, Série, Replay

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