Décryptage
Kiddy Smile à l'Elysée : une performance militante et historique ! (@Kiddysmile) https://t.co/zgMRkk4MQa
— TÊTU (@TETUmag) 22 juin 2018
Par Prosper Dou
Pour la première fois de son histoire,à l’occasion de la fête de la musique, le palais de l’Elysée ouvrait ses portes aux musiques électroniques. La performance militante de l’artiste queer Kiddy Smile a remué les consciences… et fait grincer quelques dentiers.
«Fils d’immigrés, noir et pédé», c’est ce qu’on pouvait lire sur le t-shirt arboré par Kiddy Smile lors de sa performance élyséenne. Le chanteur/vogueur/DJ, qui répondait à l’invitation de Pedro Winter pour transformer en dancefloor la cour du le palais présidentiel à l’occasion de la fête de la musique, en a profiter pour faire passer un message. Une dénonciation éclatante de la loi Asile et Immigration, actuellement examinée au Sénat.
Quand t’as un message à faire passer. Go bb @Kiddysmile #fetedelamusique pic.twitter.com/yUhy51h0Gk
— Matthieu Renard (@Profitendieu) 21 juin 2018
Kiddy Smile, chef de file de la nouvelle scène queer était accompagné d’une bande de vogueurs survoltés qui ont transformé sur les marches du perron de l’Elysée en ballroom scene. Le premier titre joué (autour de 90:00 dans la vidéo) House of God donnait immédiatement le ton, avec un message fort contre le racisme, le sexisme et l’homophobie.
Une performance critiquée…
Des quatre DJs invités par Pedro Winter (Cézaire, Chloé et Kavinsky), Kiddy Smile est celui qui a provoqué le plus de réactions. Avant de jouer, l’annonce de sa présence avait déjà provoqué quelques remous, le musicien a tenu s’expliquer dans un texte publié sur sa page Facebook :
«Je sais ce que représente l’Élysée en terme d’oppression et d’histoire pour QPOC / POC & la communauté LGBTQIA+ ainsi que la répression des migrants mais je crois fermement au high jacking du pouvoir en place de l’intérieur et à la création du discours là où il n’y en a plus/pas : cette invitation à mixer dans la demeure temporaire de Macron se présente à moi comme une opportunité de pouvoir faire passer mes messages : moi fils d’immigrés, noir, pédé, je vais pouvoir aller au coeur du système et provoquer du discours de par ma présence…»
Kiddy a également annoncé que l’intégralité de son cachet serait verser à une association venant en aide aux migrants. Mais une fois les premières images de son set partagées sur les réseaux sociaux, c’est la droite et l’extrême droite qui s’en donnent à coeur joie. À commencer par la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen:
Au secours ! 😱 MLP #FêtedelaMusique2018 https://t.co/PxqDCVH9vA
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 22 juin 2018
Mais les cadres des Républicains n’étaient pas en reste…
Maintenant ça suffit ! La présidence de la République n’est pas un boite de nuit et encore moins un strip bar. @EmmanuelMacron a déshonoré hier sa fonction en hébergeant un spectacle complètement déplacé. J’ai honte pour lui. #Satiricon https://t.co/G624BeEcyn
— Julien Aubert (@JulienAubert84) 22 juin 2018
Le rapport, et vous le savez très bien, c'est que d'un côté @EmmanuelMacron appelle au respect de la fonction présidentielle et #EnMêmeTemps, il l'abaisse en organisant une jet set à l'Elysée avec DJ Kiddy Smile portant un T-shirt où était écrit « Fils d’immigré, noir et pédé », https://t.co/UAY6JsEQf2
— Valérie Boyer (@valerieboyer13) 22 juin 2018
Face à ses attaques d’autres artistes ont tenu à apporter leur soutien au DJ, à commencer par la chanteuse québécoise Coeur de Pirate:
Hier soir pour la fête de la musique, @Kiddysmile mixait à l’Elysée. Sur son t-shirt on pouvait lire : « fils d’immigrés, noir et pédé ». Il a également reversé son cachet à une asso venant en aide aux migrants. Totale admiration. (photo via @AlisonTassin) pic.twitter.com/gyeNLnXvpu
— Romain Burrel (@RomainBurrel) 22 juin 2018
Je l’aime
— Coeur de pirate (@beatricepirate) 22 juin 2018
Kiddy a réussi son pari : son message humaniste et militant est passé. Les marches de l’Elysée ne se sont pas prêtes de s’en remettre. Nos politiques les plus réactionnaires, non plus…
Crédit photo : capture d’écran Twitter / Alison Tassin