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Son visage ne vous dit peut-être rien, il est pourtant l’un des recordman des réseaux sociaux outre-Atlantique. Pas une adolescente (et sans doute aussi des adolescents) de l’ère Obama n’ignore son nom. Est-il chanteur? Sportif? Mannequin? Non rien de tout ça. Et un peu tout en même temps. Il est la quintessence de la star 2.0.

Ses faits d’armes : réaliser des vidéos potaches de six secondes sur la plateforme Vine

En quelques semaines il devient un véritable phénomène et ses exploits sont visionnés des millions de fois. Rapidement, il étend son empire sur Youtube avant d’accéder aux médias « traditionnels » en présentant notamment les « Teen Choice Awards », sorte d’oscars pour adolescents.
Mais pourquoi diable s’intéresser à ce énième phénomène du web ?

SALIR CETTE IMAGE IMMACULÉE
Déjà parce qu’à défaut d’être pertinemment drôle, Cameron Dallas a un physique de rêve. Au sens propre : le «rêve américain» incarné en un jeune mâle alpha de vingt ans. Son sourire ultra-brite, ses yeux de chaton, ses lèvres démesurées, ses abdos en béton… On le croirait tout droit sorti d’une pub pour dentifrice, ou pour shampoing, ou pour dédorant… Pour n’importe quel produit qui respire la santé, le propre, le clean… Et pourtant, en visionnant les vidéos de Cameron Dallas, on est rapidement frappé par le besoin de salir cette image immaculée. A travers une série de séquences plus débilitantes les unes que les autres, Cameron et ses potes se livrent à diverses outrances, s’enduisant mutuellement de produits divers et variés, le plus souvent visqueux et introduits de force dans leurs orifices ainsi profanés. On sait que les enfants aiment la crétinerie et que rien ne les fait plus rire qu’une tarte à la crème. Mais contrairement aux séries pour ados, même les plus indigentes, il n’y a strictement aucun enjeu, tout cela est purement gratuit, « pour le plaisir ».

A y regarder de près, il s’agit d’une véritable initiation aux pratiques sado-maso pour puceaux. Si je vous dis que dans un épisode de sa websérie «20 Days of Dallas»  (on n’est déjà pas loin des Cinquante nuances de Grey), Cameron contraint un plus jeune que lui, forcément soumis, à tenir dans sa bouche une chaussette (sale) lui appartenant ? Et comme si cela ne suffisait pas, il enduit ladite chaussette d’eau afin d’être certain que toutes les senteurs s’en dégagent. Non il ne s’agit pas d’un site pour amateur de «skets» et autres «plan cho7» mais bien d’une version moderne du «Club Dorothée». Nous n’aurions pas relevé plus que ça, si cela n’était pas orchestré par un éphèbe que l’on croirait tout droit sorti d’un film Bel Ami (ou des Cocky Boys), introduisant de fait une dimension hautement sexuelle à la chose (combien ont visionné cette vidéo en implorant de se substituer au supplicié ?)

OBJET DE SÉVICES
Lui même de devenir l’objet de sévices en tout genre, s’attachant ainsi à dégrader cette image trop parfaite qu’il renvoie. Ainsi dans le long-métrage Expelled dont il tient la vedette (inédit en France), Cameron Dallas interprète un jeune cancre expulsé de son école. Comme si lui qui incarne tant le centre (jeune, beau, blanc, hétérosexuel, sportif et successful) devait absolument viser la marge. C’est son obsession. 

" Dans un très beau geste, il renie les clichés américains vantant les mérites de la productivité à tout crin, en choisissant surtout de ne rien faire, son idéal étant l’oisiveté. "

Tel un Antoine Doisnel des temps modernes, Félix (c’est le nom de son personnage) s’enlise alors dans une spirale infernale de mensonges, de stratagèmes désespérés, qui ne sont que l’expression d’un profond désarroi. Et le spectateur d’assister impuissant à la déchéance de cet ange du péché dont on aimerait tant, dans un plaisir pervers, aider à retrouver la vertu.

J’entends déjà au loin les cris d’effroi d’un pasteur évangéliste du Missouri dénonçant le projet sataniste qui se cache derrière la peau nacrée entachée de sauce ketchup du beau Cam.

Si la vidéo ne s’affiche pas, cliquez sur Expelled Official Trailer

Cyril Legann